Les maisons de la dîme
Une maison de la dîme est un bâtiment servant autrefois à entreposer la collecte de la dîme, cet impôt unique que percevait l’Eglise depuis le Moyen-âge et jusqu’à la Révolution Française. Elle était prélevée sur les paysans et sa valeur était différente d’un évêché à l’autre et même d’une paroisse à l’autre. Sa valeur correspondait en moyenne à 1/10e de chaque récolte. En Basse-Zorn, on compte trois maisons de la dîme dont deux sont présentes au village de Weyersheim, témoins d’une double dépendance seigneuriale.
La maison de la dîme des comtes de Linange est datée de 1726 sur le linteau de la porte d’accès à la cave. Cette imposante bâtisse appartenait à la famille de Linange dont dépendait la moitié du village. Elle régna sous l’Ancien Régime sur des fiefs enclavés, terres relevant du Saint Empire romain germanique. Les comtes exerçaient également une fonction ecclésiastique, ils étaient évêques sur le territoire du diocèse de Spire dans l’actuel Rhénanie-Palatinat.
Cette admirable construction se compose d’un étage carré en pan de bois suivant un plan en équerre. Elle possède également côte à côte une porte piétonne et une porte cochère (porte fermant l’entrée d’une maison et dont la baie est assez grande pour laisser passer les véhicules hippomobiles). Un cas à la fois rare et unique au village, elle est coiffée d’un toit à la Mansart à longs pans brisés. On peut y observer de nombreuses lucarnes (ouvertures aménagés dans le toit) à deux pans dite jacobine.
La deuxième maison de la dîme de Weyersheim est celles des évêques de Strasbourg. Celle-ci est datée de 1721 sur le linteau cintré de la porte charretière (grande porte à double vantaux fermant l’entrée d’une basse-cour, d’une remise ou d’une grange). Elle appartenait successivement à trois évêques sur la période 1721-1789 : le cardinal François-Armand de Rohan-Soubise (1721 à 1756), le cardinal Charles-Louis-Constantin prince de Rohan-Guéméné (1756 à 1779) et le cardinal archevêque Louis-René-Edouard prince de Rohan-Guéméné (1779 à 1789).
Fait notable la séparation des deux étages en pan de bois - assurée par deux poutres horizontales reprenant les charges - est un exemple remarquable de sablières moulurées. Enfin, deux superbes niches reposoirs -souvent agrémentées de géraniums - encerclent la porte piétonne du portail. Souvent ornées d’une coquille Saint-Jacques, leur rôle était à l’origine de converser avec les voisins ou simplement surveiller la rue.
Partez à leur (re)découverte !
Circuit découverte « Entre prairies et vergers »
Maison de la dîme des comtes de Linange (1726)
59 rue Baldung Grien 67720 Weyersheim
Maison de la dîme des évêques de Strasbourg (1721)
1 rue de la Dîme 67720 Weyersheim