Les séchoirs à tabac

Silhouette familières et emblématiques de nos villages, les séchoirs à tabac ont été construits lorsque la tabaculture rythmait le quotidien des paysans. Les séchoirs étaient aménagés dans les granges afin d’assurer un séchage optimal des feuilles. La flétrissure du tabac pouvait également se réaliser sous les débords des toitures.

 

Ces dépendances sont reconnaissables d’un seul coup d’œil. Elles sont constituées d’un volume simple en pans de bois assez hauts recouverts de planches dont l’un des côtés reste ouvert. La culture du tabac était présente dans chaque village mais plus particulièrement à Geudertheim.

En Alsace, le tabac est mentionné pour la première fois en 1618 via son pionnier Benjamin Maucler qui introduit la plante à Bischwiller et Hanhoffen, alors que la plaine d’Erstein fut dès le XVIIe siècle une terre de prédilection. Le tabac alsacien était même celui préférés des acheteurs suisses. Non touchée par le monopole d’Etat en vigueur depuis 1674 sous Louis XIV, la culture du tabac était un véritable moteur économique de la région du XVIIIe au XIXe siècle.

En 1753, le tabac avait rapporté à la province 4,5 millions de livres - soit 30 % des marchandises en sortant - loin devant le vin et le chanvre. L’annexion au Reich de 1871 à 1919 fut néfaste aux tabaculteurs (perte de 70 % de la production) mais repris de plus belle ensuite.

 

Le Geudertheimer ou badischer Geudertheimer

Cette variété locale était le fleuron du village au point de faire partie intégrante de son histoire. Il s’agit d’un tabac noir utilisé principalement pour la fabrication de cigares et de cigarillos. Cette variété est même l’une des plus plantées en Allemagne à côté du Burley et du Virginia. C’est un tabac qui apprécie les sols argileux.

La culture du tabac y est attesté dès 1691 où il est fait mention d’un inspecteur des tabacs (Tabackschauer) qui est rejoint en 1723 par Johannes Wolff, apprêteur de tabac (Tobackmacher). Les archives précisent que les surfaces cultivées de 1857 à 1861 oscillaient entre 46 et 97 hectares. La livraison des feuilles de tabac à la manufacture nationale de Strasbourg rapportait aux habitants des revenus considérables. Charles Harnisch (1845 - 1893) célèbre maître-pipier était natif du village.

De nos jours, la culture du tabac représente environ 6000 hectares répartis à 70 % dans quatre régions de France : L’Alsace, l’Aquitaine, le Midi-Pyrénées et le Poitou-Charentes. La coopérative des planteurs d’Alsace AlsaTabac gère la totalité de la production et de la collecte dans notre région.

 

Le processus de culture

La culture du tabac commence dès le mois de mars par des semis sous pépinière puis par la plantation vers mi-mai. A la fin du mois de juin, le planteur réalise l’écimage (la coupe de la partie haute qui comporte le bourgeon floral) pour favoriser le développement des feuilles. Les premières décolorations interviennent en juillet et la récolte se répartit d’août à septembre.

La récolte des feuilles a lieu selon leur maturité de bas en haut en trois étapes : bodde bletter, mittel gueth puis ower guet. Avant d’être suspendues pour le flétrissage, les feuilles sont enfilées par botte de 25, les ànstache Bebble puis montées au séchoir.

 

Le saviez-vous ?

En 1907, la fabrique allemande Heuhaus et Co. de Schwetzingen ouvre une filiale de manufacture de cigares rue de la Gare à Weyersheim. Ce bâtiment est aujourd’hui transformé en appartements. La maison archaïque conserve les accessoires de cette époque.