Les maisons de journaliers
Le journalier était un ouvrier agricole louant sa force de travail à la journée à un paysan. Cette appellation correspond à une ancienne unité de mesure - le journal - qui correspondant à la surface labourable par un homme en une journée à l’aide d’un attelage de deux chevaux ou en deux journées à l’aide d’un attelage de deux bœufs. Variant selon la région géographique, le relief ou le sol, sa surface correspond environ à une trentaine d’ares. Dans d’autres régions, on utilise le terme d’arpent.
Ces maisons étaient habitées par de modestes familles de journaliers ou d’artisans, souvent construites sur le terrain même du paysan. Ces bâtisses typiques du début du XIXe siècle, sont sans étage et de colombage très dépouillé. Elles sont constituées d’une pièce unique d’environ 40 m² avec une cheminée et un grenier servant au stockage du foin destiné à la basse-cour familiale.
L’utilisation traditionnelle du torchis, de la chaux et du badigeon
Ces petites maisons souvent dans un état d’époque, préservent aujourd’hui les traces de cette technique ancestrale de construction.
Dans un premier temps, il s’agit de placer des palançons, Flachtwarik en dialecte, sorte de lamelles de bois verticalement entre les pièces du colombage. A cela viennent s’entrelacer perpendiculairement des baguettes de saule ou de noisetier.
Une fois l’armature réalisée, une préparation à base de lœss, de paille d’orge et d’eau vient s’appliquer sur ce treillage, le torchis (ou terre-paille). Ce mélange peut-être appliqué par pressage ou par application de petits bouchons superposés. Aujourd’hui, l’utilisation de planches de coffrage hydrofuges est de rigueur.
Il faut compter une épaisseur d’au moins 30 centimètres, moins si un premier mur isolant en terre cuite vient renforcer l’isolation. 200 m² de murs nécessiteront ainsi 1500 kg de paille et 5 m3 de lœss. Cette opération se déroule obligatoirement entre mai et mi-juillet pour permettre un séchage optimal. Il n’est alors pas rare qu’un grain d’orge germe ici ou là. En hiver, la maison continue de sécher grâce au chauffage et à une bonne aération.
Au printemps suivant, lorsqu’il n’y a plus traces d’humidité, la pose de l’enduit peut débuter. La première couche se compose à parts égales de chaux éteinte, de sable et de lœss. Pour faciliter l’accroche, le torchis est préalablement rainuré lors du montage des murs. Une fois sèche, la première couche est complétée par deux autres couches de finition, le badigeon de chaux. Outre la chaux éteinte, il se compose de farine de marbre, de talc et d’un fixateur (petites billes de colorant dites Bloeykeyele en dialecte).
Le saviez-vous ?
Au début du XXe siècle, la plus part des maisons de Weyersheim étaient peintes d’un bleu caractéristique « le bleu de Weyersheim ». Il s’agit d’un bleu particulièrement foncé mais nuancé différemment d’une maison à l’autre. La tradition orale affirme que cette couleur a été utilisée dans les villages catholiques, le bleue étant la couleur de la vierge Marie. De nos jours, cette couleur se rencontre dans toute l’Alsace indépendamment de la foi de son propriétaire.
Pour en savoir plus :
- Association S’Kleenderfel - M. Denis Blanck - 20 rue Saint Wolfgang, 67720 Weyersheim - kleenderfel.free.fr/index.html - d. blanck@wanadoo.fr - 03 88 51 39 46
- Association pour la Sauvegarde des Maisons Alsaciennes (ASMA) - www.asma.fr
- Les ateliers de la seigneurie - Place de la Mairie, 67140 Andlau - 03 88 08 65 24 - contact@lesateliersdelaseigneurie.eu - www.lesateliersdelaseigneurie.eu
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