Les maisons alsaciennes traditionnelles
L’Alsace ne serait pas l’Alsace sans ses maisons rurales traditionnelles à ossatures dites à pan de bois (s'Fàchwarkhüss en dialecte). Ce patrimoine se retrouve dans toute la Région du nord au sud. Les constructions sont semblables mais jamais identiques. Chaque maison respecte les traditions locales et reflète les souhaits de son premier propriétaire (disposition, composition, dimension, matériaux, éléments décoratifs). La proximité des forêts ont, de tout temps, rendu ce mode de construction économique.
Les maisons de la Basse-Zorn sont agencées pignon sur rue et se prolongent à l’arrière par des dépendances agricoles en forme de L. Le colombage - qui correspond aux poutres décoratives - repose à chaque étage sur une sablière horizontale souvent moulurée. Cette technique remonte à l’antiquité romaine.
Le poteau cornier ou Eckpfoschte en constitue la pièce maîtresse. Il s’agit d'une poutre angulaire d’un seul tenant situées entre chaque niveau côté rue dans l’angle donnant sur la cour. Il symbolise la propriété et le soutien de la demeure paysanne. Cette pièce de bois est dotée d’inscription diverses (date de construction, nom de la ferme, symboles chrétiens, etc.). A l’intérieur de la pièce principale ou Stube, l’autre face de cette poutre correspond au « coin du bon Dieu » (herrgottwenkel) où sont fixés au mur les objets de piété.
Les fortes pentes des toitures (entre 45° et 65°) trouvent leur origine lorsque les toits étaient recouverts de chaume facilitant ainsi l’écoulement de l’eau. Cette caractéristique s’est préservée depuis l’apparition des tuiles plates alsaciennes au bout arrondi (en forme de queue de castor) ou Biberschwantz en 1470. Le haut du pignon comporte systématiquement une petite croupe ou Kuppelwalm de 4 à 6 rangés de tuiles voir même un balcon décoratif en saillie (dit en loggia) richement décoré. Enfin, certaines maisons sont ceinturées par des auvents au niveau de chaque sablière. La tradition du géranium contribue à la mise en valeur des façades.
Différents types de portails viennent clôturer l’ensemble. Le plus souvent, il s’agit d’un portail bas composé de trois potelets monolithes en grès de section carrée et à dessus arrondi, parfois en bulbe. Ils soutiennent les vantaux de la porte charretière (s'grosse Door) et du portillon (s'Daarel). Le reste de la propriété est clôturé par des planches verticales ou Lattezün. Les grandes demeures disposent d’un portail haut nettement plus imposant, souvent orné de motifs symboliques.
Quelques éléments décoratifs
La croix de Saint André : présente sur l’allège des fenêtres ou au sommet des pignons, elle est signe de multiplication et symbolise la fécondité. Lorsqu’elle est doublée, l’union de deux personnes. Elle peut être étirée en hauteur (Andréaskritz), s’écraser horizontalement (Hosanna) ou présente dans un losange (durchkreutze Raute). Dans ce dernier cas, elle représente une famille nombreuse. Son origine remonte au martyr de Saint-André qui fut supplicié sur une croix en forme de X.
La chaise curule : présente sur l’assise des fenêtres, sa forme évoque le siège pliable des dignitaires romains soutenu par quatre pieds incurvés. C’est un symbole de distinction sociale réservé aux personnages importants tel l’échevin. Elle est constituée de deux cornes croisées.
Le losange : cette forme géométrique simple (Raute) est très répandue. On là retrouve sur les allèges des fenêtres, les murs des dépendances agricoles et même sur les portails hauts. Elle provient de l’alphabet runique scandinave du début de l’ère chrétienne. Le losange ou Ingwaz correspond à la rune de la fécondité. La forme de matrice maternelle symbolise également la féminité par cet aspect. En l’incluant sur ses dépendances, le fermier exprime l’espoir d’une moisson importante ou d’une riche reproduction de son cheptel.
Le Mann : élément du poutrage permettant d’assurer la rigidité de l’ossature bois. Il rappelle un homme jambes écartées et bras levés, symbole de virilité et de forme physique. Il se compose d’une combinaison de poutres verticales et obliques (formant deux K opposés) reliées par des poutres horizontales. Différentes variantes existent telles que le demi-Mann (halbmann) qui se compose de deux K majuscules de chaque côté du pignon.
Le cœur : le plus souvent représenté par une ouverture dans les volets, est la combinaison de deux virgules. Ces dernières représentent les cornes dont les guerriers ornaient leur casque pour effrayer leurs adversaires. Dans ce cas, le cœur a pour but de lutter contre les puissances maléfiques. Plus traditionnellement, sa présence est signe de passion, d’amour et d’union de deux êtres.
Le saviez-vous ?
L’hoftnàme est une coutume locale en vigueur depuis plus de 300 ans. Elle consiste à attribuer à chaque famille un patronyme propre à une ferme d’origine (hoft). Ce nom se transmet de génération en génération et correspond le plus souvent au pluriel d’un nom de famille, à l’association de deux prénoms ou à un métier. Des centaines d’hoftnàme existent dans chacun de nos villages.
Pour en savoir plus :
- Association S’Kleenderfel : M. Denis Blanck - 20 rue Saint Wolfgang, 67720 Weyersheim -kleenderfel.free.fr/index.html - d.blanck@wanadoo.fr - 03 88 51 39 46
- Association pour la Sauvegarde des Maisons Alsaciennes (ASMA) - www.asma.fr
- Les ateliers de la seigneurie - Place de la Mairie, 67140 Andlau - 03 88 08 65 24 - contact@lesateliersdelaseigneurie.eu - www.lesateliersdelaseigneurie.eu
Partez à leur (re)découverte !
Circuit découverte « Entre prairies et vergers »